20 octobre 2014

Clément Aubert (LACL - UPEC)

La logique linéaire est un système d’étude des preuves qui porte son attention sur les règles structurelles (affaiblissement, contraction) et de fait introduit dans les preuves une notion de limitation des ressources. Elle est dotée d’une dynamique de ré-écriture de preuves (l’élimination des coupures) qui est isomorphe à l’évaluation de programmes (formalisé comme la bêta-réduction dans le lambda-calcul), par la correspondance de Curry-Howard. Il est possible de n’étudier que des fragments de cette logique, et ainsi de restreindre les règles et le pouvoir expressif de ce système. Ce faisant, on peut produire des spécifications de langages de programmation à complexité bornée : tout programme rédigé dans telle syntaxe peut résoudre des problèmes d’au moins telle complexité, déterminer le résultat de l’évaluation de tel programme rédigé dans cette syntaxe nécessite au plus tant de ressources.

Ce champ de la complexité implicite fût le terrain principal de mes recherches jusqu’ici, intégrant des outils sémantiques (on interprète les preuves comme des opérateurs dans une algèbre de von Neumann, ou encore avec des termes du premier ordre) qui ont permis d’obtenir des caractérisations « abstraites » de classes de complexité célèbres (co-NL, L, P). Je vous en présenterai les grandes lignes, du cadre général de la théorie de la démonstration à la complexité implicite et même, si le temps le permets, comment les automates se sont avérés être un outil précieux et vivifiant de cette approche.